Bordel de Dieu.
Je me réveille dans le lit. Lan dors toujours. Je me sens particulièrement en forme, je me dis que c'est parce que j'ai recommencé à faire du sport. Il fait déjà jour et une lumière orangée filtre à travers les rideaux rouges de la chambre.
Je vais dans la cuisine me faire un thé et j'allume la radio. Il y passe un tas de chanteurs lyriques qui se suivent.
Là, sur le dossier de la chaise il y a un t-shirt. Sur le t-shirt je peux voir comme sur une télé le visage des chanteurs qui passent à la radio. Ceux qui chantent un peu faux ont des bouches normales et on les voit faire des efforts pour chanter plus juste, ceux dont la voix est tellement belle qu'elle me donne des frissons ont des tas de petits tentacules frétillants dans la bouche comme des anémones violettes. Leurs bouches s'ouvrent dans tous les sens et ma précision visuelle me permet d'apprécier toute l'architecture organique.
Lorsque une voix extrêmement claire de basse envahit la pièce, je suis tellement content que je veux faire partager ça avec Lan, je reviens dans la chambre pour lui montrer mais à mesure que j'approche de la chambre l'image sur le t-shirt se brouille.
Retour dans la cuisine, je me dis que c'est à cause du LSD que j'ai pris il y a une semaine.
Bon. Je vais me faire un thé.
J'ouvre la porte du placard, je sens qu'il y a un truc bizarre, je sais pas quoi.
Dans le vaisselier je ne reconnais absolument pas la façon dont les bols sont disposés.
Ok. Je suis en train de rêver, c'est ça le truc.
Je prends peur une seconde de me réveiller à cause de cette prise de conscience.
Mais ça tient. Je suis dedans, je le sais, je commence à être envahit de bonheur, comme une montée de MDMA, je regarde la porte qui mène sur la terrasse et je jubile, je m'élance sur le balcon et je ne suis pas déçu, à la place d'une petite cour intérieur à Marseille je suis devant d'immenses prairies verdoyantes vallonnées, avec des petites fermes et un ciel bleu extraordinaire, je ne m'arrête même pas, je sais de quoi je suis capable, j'enjambe la rambarde du balcon, je remue un peu les bras et je m'envole avec un sourire inouïe sur le visage, je virevolte vers la maison la plus proche et salue une voisine qui s'étonne de me voir si heureux, je vole encore un peu vers l'Ouest et je me réveille.
Quel bonheur.
Du coup je reste un peu au lit. Je me rendors.
Mon frère Frédéric est dans la chambre de Christophe R (mon colocataire). Il rigole parce qu’il doit me passer une fille que je connaît pas, Véronique, qui veux me sucer au téléphone.
C’est une nouvelle invention. On peut se faire sucer au téléphone sur les nouveaux portables. Mais quand ca ne capte pas bien ça fait des chatouilles.
Je reviens dans ma chambre, Lan n’est plus dans le lit, c’est ma sœur très jeune qui s’y trouve, elle a à peu près 12 ans, pas plus. Elle dors mais au dessus d’elle se trouve Udo Kier, il a les mains dans son ventre et tripatouille partout en foutant du sang sur la chemise de nuit en satin blanc de Sophie.
Je me place entre Udo et Sophie. De cette façon Udo est par-dessus mon épaule. Je réveille doucement Sophie pour ne pas qu’elle prenne peur en nous voyant là tous les deux.
Elle se réveille et je lui montre le Diable derrière moi. Le combat commence, je me dis qu’en fait Udo Kier est la part de Diable qu’il y a en moi.
Sophie s’est rendormie.
Je me réveille.